– Une protection de 76% (NoVax-infection seule) vs 83% (3Vax-immunité hybride)
– Une efficacité négative contre la protection du booster face aux hospitalisations dès 100 jours pour les 18-64
.. et c’est Sciensano qui le montre.
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La dernière adaptation en date des données que Sciensano présente aux citoyens concerne, dans leur rapport épidémiologique hebdomadaire, le remplacement des graphiques des nombres et incidences sur 14 jours relatifs au cas, aux hospitalisations, aux soins intensifs et aux décès par des tableaux d’efficacité vaccinale “estimée” pour les trois premiers types d’événements. Les décès, quant à eux, disparaissent du paysage.
En parallèle, les tableaux contenant l’efficacité vaccinale “non détectable” (en réalité des chiffres négatifs), disparaissent aussi.
Les chiffres qui alimentaient ces tableaux sont toujours disponibles dans les dernières pages du rapport hebdomadaire. Cependant, pour en faire une visualisation qui aide à comprendre rapidement, il faut en passer par une transcription dans un tableur pour reproduire les graphiques.
Pourquoi ce changement ?
Sciensano a introduit ces tableaux dans le rapport daté du 17/12/21.
A cette époque, le Delta était toujours dominant (plus pour longtemps) et les graphiques soutenaient le discours diffusé dans les médias.
Dans le rapport du 07/01, Sciensano introduisait un nouveau groupe : les “boostés”.
Dans la comparaison ci-dessous, le tableau des incidences des “cas” présenté le 07/01 montre que le groupe des “entièrement vaccinés” fait mieux que le groupe de contrôle, mais surtout que le groupe des “boostés” fait beaucoup mieux.
Celui présenté le 24/06 (exemple), montre que, proportionnellement, les “boostés” de 18 ans et plus sont nettement moins bien lotis que le groupe de contrôle.

L’évolution de l’un vers l’autre s’est faite graduellement. J’ai d’ailleurs publié pendant des semaines un tableau montrant cette évolution chez les 65+.
A l’époque, certains de ceux de la population favorables à la vaccination, n’hésitaient pas à utiliser ces tableaux pour fustiger une attitude dite “irresponsable” des personnes l’ayant refusée. Personne, parmi les autorités scientifiques officielles, n’a tempéré ce discours en nuançant ces propos puisqu’ils collaient parfaitement au discours officiel.
Entre-temps, les choses ont changé.
Sciensano a continué sa présentation des chiffres selon les principes établis fin décembre et se devait de présenter la dégradation tout en la camouflant sous un vocable plus chatoyant, j’ai nommé “les non détectables”.
Dans le contexte d’une campagne de vaccination entamée le 12/09, il devenait probablement plus serein de changer la communication en éliminant ces résultats facilement accessibles et sujets à controverse pour les remplacer par des tableaux plus généraux montant l’évolution de l’efficacité vaccinale “estimée” à travers le temps jusqu’à plus de 250 jours.
Qu’est-ce que ces nouveaux tableaux nous apprennent ?

– – Tableau des cas:
A/ Pour la tranche des 65+, la 2è dose de rappel, chez les personnes qui n’ont pas été infectées durant janvier à juin (voir texte), n’apporte rien en terme de protection supplémentaire contre les infections symptomatiques par rapport à ceux ayant reçu une 1ère dose de rappel depuis le même délai.
Toutefois, d’après ces graphiques, on peut imaginer qu’une personne boostée depuis 150 à 200 jours verra sa protection passer de 25% à 50% avec le 2ème rappel, pour perdre cet avantage aussi vite qu’avec le précédent rappel.
B/ Il n’y a aucune explication quant à la référence utilisée. Une efficacité par rapport à quoi ?
On imagine bien qu’il s’agit de personnes non-vaccinées, mais certainement aussi de personnes non-infectées, ce qui doit être assez rare de nos jours.
C/ Afin de présenter des points dans le haut des tableaux (entre 75% et 100%), Sciensano introduit l’immunité hybride, c’est à dire l’infection plus la vaccination.
Et heureusement (pour Sciensano) que ces points existent car les points représentant la vaccination seule, en ce compris le 2è rappel, montrent des valeurs qui ne sont pas folichonnes.
Cependant, il est curieux, pour ne pas dire erroné, voir biaisé, de trouver ces points d’immunité hybride dans un tableau dont l’axe des ordonnées est appelé “Efficacité vaccinale (%)”.
Moi, j’appelle ça du “marketing bullshit” car, à nouveau, j’imagine que les taux ainsi obtenus sont comparés à des personnes non-vaccinées et non-infectées.
Pour être transparent, Sciensano devrait aussi présenter des données concernant des non-vaccinés infectés afin d’établir une véritable comparaison.
Mais qui sait si, à ce moment là, cette comparaison rendrait les chiffres moins séduisants.
Ce dernier point est très important et j’y reviens plus bas dans la partie “Etude en Preprint”.

– – – Tableaux des hospitalisations et USI (même principe).
A/ On apprend que pour les moins de 45 ans, l’efficacité de la vaccination ne peut pas être calculée car le nombre de patients hospitalisés dans cette tranche d’âge est trop petit. Je rappelle que l’on parle de données du 3 janvier au 14 août, période qui contient les poussées épidémiques de BA.1 et BA.2.
Le nombre de cas durant cette période est plus élevé que le nombre cumulé de cas des deux années précédentes [05]. En gros, il s’agit par conséquent d’une confirmation que les formes sévères du Covid touchent essentiellement les plus âgés.
B/ Dans ce tableau, pas de primo-vaccinés, pas plus que d’infectés qu’on nous présente comme étant “rares”.
On a juste des boostés mais on ne sait toujours pas par rapport à qui ils sont évalués.
Ce tableau n’est là que pour une raison : montrer que la vaccination protège des formes graves face à des non-vaccinés non-infectés (on suppose).
L’absence de primo-vaccinés est l’arbre qui cache la forêt.
En effet, dans le dernier graphique d’incidence du 07/09, la position des personnes “entièrement vaccinées” est très mauvaise face aux hospitalisations.
Dans le contexte actuel, il était embarrassant de montrer de tels résultats dans les graphiques.
En conclusion :
Je trouve dommage que ces tableaux n’existent plus. Même si, comme l’indique Sciensano, ils présentaient des biais (par exemple la mixité infectés/non-infectés), ils présentaient aussi la situation telle qu’elle existe dans la réalité, c’est à dire que le groupe de contrôle ne s’en sort pas trop mal, que la vaccination protège surtout les personnes âgées et, qu’au niveau des contaminations, tout le monde se trouve sur un pied d’égalité.
Un dernière chose : quelles données soutiennent ces nouveaux tableaux ?
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Etude en Preprint
Dans son rapport, Sciensano nous renvoie vers une FAQ qui nous explique la méthodologie de calcul. En pratique, ce point de la FAQ renvoie vers une étude menée par Sciensano.
Pour avoir les détails croustillants, il faut télécharger le PDF !
Cette étude couvre Delta et Omicron. Seules les données “Omicron” servent de base pour les tableaux du rapport hebdomadaire.
Dans l’ensemble, c’est la même chose.
Il y a cependant quelques points intéressants :
1/ Nous avons une confirmation que le groupe de contrôle est composé uniquement de personnes non vaccinées et non infectées.

Avec ce paramètre, on est très loin de la situation actuelle.
2/ Sciensano dispose bien de données concernant les personnes non vaccinées et infectées.
Pour la période concernée par les tableaux de Sciensano, ils disent :
« Protection against symptomatic Omicron-infections, conferred by a prior infection in unvaccinated persons, was higher for more recent infections. For prior infections from 2022, we estimated protection ((1-aOR)*100) at 76% (CI 72-80).”
76% !
Pour le fun, j’ai ajouté cet intervalle sur le tableau de Sciensano dans l’image ci-dessous.
Malheureusement, pour les non vaccinés, Sciensano ne donne aucun détail supplémentaire !

Ces 76% sont à comparer, parmi les données fournies, à ceci :
“Hybrid immunity also offered more protection if the last antigen exposure (either vaccination or infection) was more recent: VEi was estimated at 83% (CI 78-87) 0-50 days since booster-vaccination with a prior infection in 2022.”
76% (infection) vs 83% (hybride) !
Et maintenant, le clou du spectacle.
Enfin, pas vraiment, parce que ce n’est pas plaisant, mais ce n’est commenté, ni expliqué ailleurs que dans ce graphique [08].

Les pointillés en vert représentent l’efficacité vaccinale face aux hospitalisations pour les 18-64 chez des personnes boostées.
Les lignes horizontales représentent l’intervalle et le point la moyenne.
Vous pouvez voir que dans la période de 100,150 jours depuis la dernière vaccination, il manque une partie de l’intervalle et que le point se situe sous 0.
Pour la période 150,200 jours, l’intervalle n’est pas représenté.
Cependant, en suivant la tendance, on peut imaginer qu’il se trouve entièrement sous 0.
C’est la partie déplaisante dont je parlais.
Pourquoi n’est-ce pas montré, ni commenté ?
N’y-a-t-il pas là, exactement comme dans les graphiques supprimés, matière à (sérieuse) discussion ?